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Une cycliste en furie
9 juin 2009

le 10 juin 1944

Il y a 65 ans le débarquement en Normandie et les actions libératrices des Résistants mirent en fureur les Nazis. Même si depuis des massacres pires que celui-ci furent commis, n’oublions pas les victimes d’Ouradour-sur-Glane. Car oublier c’est se ranger du côté des bourreaux. Le massacre d’Oradour-sur-Glane désigne la destruction, le 10 juin 1944, de ce village de la Haute-Vienne, situé à environ vingt kilomètres au nord-ouest de Limoges, et le massacre de sa population (642 victimes), par un détachement du 1er bataillon du 4e régiment de Panzergrenadier Der Führer appartenant à la Panzerdivision Das Reich de la Waffen-SS. Il s'agit du plus grand massacre de civils commis en France par les armées allemandes, assez semblable à celui de Marzabotto perpétré en Italie, qui transpose sur le front de l'Ouest des pratiques courantes sur le front de l'Est. Ces événements marquèrent profondément les consciences ; leurs conséquences judiciaires suscitèrent une vive polémique, notamment à la suite de l'amnistie accordée aux Alsaciens « Malgré-nous » qui avaient participé au massacre. Depuis 1999, le souvenir des victimes est commémoré par le Centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane, situé non loin des ruines du village à peu près conservées en l'état. Le village fut relativement épargné par la guerre jusqu'au massacre. Au repos autour de Bordeaux et de Montauban, la division fait mouvement vers la Normandie aussitôt connu le débarquement allié. Constamment harcelée par les Forces françaises de l'intérieur (FFI), elle riposte par de sanglantes représailles. Le 10 juin 1944, après l'arrivée des allemands dans le bourg d'Oradour-sur-Glane, le garde champêtre fait savoir aux habitants qu'ils doivent tous se rassembler, sans aucune exception et sans délai, sur le Champ de Foire, munis de leurs papiers, pour une vérification d’identité. Les SS pénètrent dans toutes les maisons, et, sous la menace de leurs armes, obligent tout le monde, même les malades, à se rendre sur le lieu de rassemblement. Un à un ou par groupes, conduits et surveillés par les SS, les villageois se massent peu à peu sur le Champ de Foire. Les Allemands vont aussi chercher des habitants des hameaux voisins. Les cultivateurs doivent abandonner leurs travaux. Plusieurs personnes sont abattues. Les Allemands divisent la population en deux groupes : d'un côté les femmes et les enfants, de l'autre les hommes. Les hommes sont répartis entre six lieux de supplices : ils y sont mitraillés puis leurs corps sont recouverts de fagots et de bottes de paille auxquels les nazis mettent le feu. Selon quelques rescapés, les nazis tirent bas et dans les jambes de leurs victimes; le feu est allumé sur des hommes encore vivants. La déclaration d’un rescapé établit qu'ils parlaient encore ; certains, légèrement blessés, ont pu s'échapper, la plupart des autres ont certainement été brûlés vifs. Le groupe enfermé dans l’église comprend toutes les femmes et tous les enfants du village. Des soldats placent dans la nef, près du chœur, une sorte de caisse assez volumineuse de laquelle dépassent des cordons qu'ils laissent trainer sur le sol. Ces cordons ayant été allumés, le feu se communique à l'engin, qui contient un gaz asphyxiant (c'était la solution prévue) et explose par erreur ; une fumée noire, épaisse et suffocante se dégage. Une fusillade éclate dans l'église ; puis de la paille, des fagots, des chaises sont jetés pêle-mêle sur les corps qui gisent sur les dalles. Les nazis y mettent ensuite le feu. La chaleur était tellement forte qu'à l'entrée de cette église on peut voir la cloche fondue, écrasée sur le sol. Des débris de 1m20 de hauteur recouvraient les corps. Une seule femme survit au carnage : Marguerite Rouffanche, née Thurmeaux. Son témoignage constitue tout ce qu'il est possible de savoir du drame. Elle a perdu dans la tuerie, son mari, son fils, ses deux filles et son petit-fils âgé de sept mois. Le chœur de l’église comprenant trois fenêtres, Mme Rouffanche se dirigea vers la plus grande, celle du milieu et à l'aide d'un escabeau qui servait à allumer les cierges elle parvint à l’atteindre. Le vitrail étant brisé, elle se précipita par l'ouverture. Après un saut de trois mètres, elle atterrit au pied de l’église et fut blessée en gagnant un jardin voisin. Dissimulée parmi des rangs de petits pois, elle ne fut délivrée que le lendemain vers 17 heures. Les SS inspectent de nouveau les maisons du bourg ; ils y tuent tous les habitants qui avaient pu échapper à leurs premières recherches, en particulier ceux que leur état physique avait empêché de se rendre sur le lieu du rassemblement. C'est ainsi que les équipes de secours trouveront dans diverses habitations les corps brulés de quelques vieillards impotents. Un envoyé spécial des FFI, présent à Oradour dans les tous premiers jours, indique qu'on a recueilli dans le four d'un boulanger les restes calcinés de cinq personnes : le père, la mère et leurs trois enfants. Un puits renfermant de nombreux cadavres est découvert dans une ferme, trop décomposés pour être identifiés ; ils seront laissés sur place. Au total, 644 personnes ont été massacrées lors de cette journée. Après la guerre, le général de Gaulle décida que le village ne serait pas reconstruit. Il devint propriété de l'État, mémorial à la douleur de la France sous l'Occupation. En 1999, le village fut consacré village martyr par le président Jacques Chirac. Depuis cette date, le Centre de la mémoire relie les ruines au nouveau bourg. Grâce à une exposition permanente couvrant tout le contexte, ce centre de documentation prépare le visiteur à la visite du village martyr. Après huit années d'attente le procès des 21 soldats - sur 64 identifiés - ayant participé au massacre d'Oradour a lieu en janvier-février 1953 devant le tribunal militaire de Bordeaux. Le 12 février 1953, le tribunal prononce les sentences suivantes : · le militaire allemand le plus gradé est condamné à mort, · un autre Allemand qui a pu prouver son absence d'Oradour le 10 juin est relaxé, · quatre autres Allemands sont condamnés à des peines de travaux forcés de dix à douze ans, · le seul Alsacien volontaire du groupe est condamné à mort, · neuf Alsaciens sont condamnés à des peines de travaux forcés de cinq à douze ans, · les quatre autres Alsaciens sont condamnés à des peines de prison de cinq à huit ans. La population alsacienne proteste contre les peines infligées aux Malgré-nous, car ceux-ci ont été contraints d'exécuter les ordres des supérieurs allemands. Le procès de Bordeaux symbolise en quelque sorte le malaise alsacien : la population française n'a, dans sa grande majorité, pas connaissance du drame des 130 000 Alsaciens et Mosellans incorporés de force dans les armées allemandes. Quant aux familles des victimes - et au Limousin en général - , ils trouvent les sentences scandaleusement indulgentes : d'après eux, tous les participants au massacre auraient dû être condamnés à mort. La loi d'amnistie votée dès le 19 février accentue ce sentiment d'outrage. La riposte d'Oradour est immédiate. Citons : · la demande pour qu'on lui rende le site commémoratif, · la décision de l'ANFM de renvoyer la Croix de Guerre décernée à Oradour en 1947, ainsi que la Légion d'honneur décernée à l'association en 1949, · le refus de transférer les cendres des martyrs dans la crypte construite par l'État, · le refus de la présence de représentants de l'État aux cérémonies commémoratives (l'exception étant la visite du Général de Gaulle en 1962), · l'inscription sur une plaque à l'entrée des ruines des noms des députés qui avaient voté l'amnistie.
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